Animal culte (Enquêtes sur les autres ritualités animales)
Date limite de dépôt : 2 septembre 2024
Appel à contribution
Argumentaire
Des cochons d’Inde, des perruches, des chiens, des chats, assistent ensemble, presque paisiblement, à une messe à Rome ; ailleurs des pratiques de sépultures et de funérailles animales se développent, et des cérémonies de mariages entre animaux domestiques sont célébrées. Alors que certains cherchent à rentrer en dialogue avec leurs compagnons animaux défunts, d’autres militent pour faire reconnaitre leur place dans la Résurrection finale. Dans le même temps, des boutiques spécialisées proposent de la bière, des gâteaux et des cadeaux permettant de fêter des anniversaires aux espèces compagnes. Au-delà de l’Occident, de nouvelles formes de rituels articulent également des pratiques anciennes aux préoccupations nouvelles soucieuses du bien-être animal. Tel milliardaire chinois va acheter un abattoir pour en libérer les porcs et s’assurer ainsi des mérites pour sa prochaine ré-incarnation (pratique du fangsheng), quand Hideo Hawasaki, professeur de biologie à l’Université de Tokyo organise tous les ans des cérémonies shintô d’hommage aux cellules sacrifiées sur l’autel de la science.
Ces phénomènes sont formidablement variés dans leurs formes et leur histoire, et il n’est pas sûr que l’on puisse les rassembler sous une même catégorie. Mais il se peut aussi que l’on assiste à un bouleversement profond au sein des sociétés mondialisées, où se construisent sous nos yeux des rapports nouveaux entre les humains et les autres animaux.
Bien qu’elles puissent paraitre marginales, touchantes ou ridicules, ces pratiques opèrent une rupture dont on ne saurait minimiser l’importance au regard de la longue durée.
Longtemps la place de l’animal dans le rituel fut pensée par les anthropologues et les historiens via le prisme du sacrifice, où les animaux servent de médiateurs avec des entités invisibles. L’importance de ces pratiques, que cela soit dans les sociétés antiques ou de nombreux terrains décrits par les ethnologues, a suscité une abondante et passionnante littérature. Néanmoins, elle a sans doute également contribué à occulter d’autres pratiques, où les animaux n’étaient pas le moyen, mais les acteurs ou les bénéficiaires des actions rituelles.
Dans ce vaste panorama, les sociétés monothéistes se singularisent par un indéniable anthropocentrisme qui éloigne les animaux du culte, lui accordant une place souvent métaphorique (comme l’est l’Agneau de Dieu). Plus encore, comme l’a bien montré François Sigaut (« Le monothéisme et les animaux », 1995), le christianisme se singularise au sein des religions du Livre par une exclusion radicale de l’animal hors de la sphère rituelle : en abandonnant le sacrifice sanglant et l’abattage rituel, la liturgie chrétienne éloigne l’animal du culte et des pratiques normatives, contribuant à en faire une chose, purement profane.
Pourtant, même dans ces contextes peu favorables en raison de ces positionnements théoriques, de nombreuses pratiques, fêtes locales, cultes privés ou collectifs sont repérables, impliquant et intriquant humains et autres animaux dans des contextes rituels.
Entre histoire et anthropologie, ce numéro réunit des enquêtes consacrées aux autres ritualités animales (le rituel est ici entendu dans son acception contemporaine, élargie et renouvelée (cf. « Mécaniques rituelles », Techniques et cultures, 2022/2), au-delà du sacrifice, qui impliquent des animaux réels, des animaux qui ne servent pas de médiateurs avec des invisibles, mais sont bien les acteurs et/ou les destinataires d’une action collective. Ces pratiques ne seront pas seulement considérées pour elles-mêmes, mais aussi pour les marqueurs d’agencements nouveaux entre les espèces.
Rentrent dans le cadre de ce numéro des propositions, en anthropologie, histoire, histoire de l’art, sociologie, sur :
- les nouvelles ritualités animales (nouvelles spiritualités, pratiques New Age, pratiques commerciales…)
- les transformation de rituels anciens au regard de la nouvelle sensibilité animale
- des rituels animaux dans les marges des monothéismes quelles que soient les époques et les religions considérées (procès des animaux, ex-voto animalier etc.)
- les formes de ritualités au sein du monde animal, ainsi que les ritualités hybrides associant des collectifs humains et non-humains
Modalités de soumission
Les articles attendus peuvent être de différents formats : articles de 45000 signes, Portfolio, Focus, Muséo, etc. Les consignes aux auteurs sont consultables ici.
Vous pouvez consulter des exemples des différents formats de la revue Terrain en cliquant sur ce lien.
Merci de contacter les coordinateurs si vous envisagez de contribuer à ce numéro : Pierre Olivier Dittmar et Vanessa Manceron
Calendrier
ATTENTION pour cet appel, les articles COMPLETS sont à envoyer avant le 2 septembre 2024 à la rédaction de la revue Terrain : terrain.redaction@cnrs.fr
Vous pouvez contacter la rédaction à tout moment pour plus d’informations sur les formats, l’appel ou toute autre question.
Carnet de Terrain – en lien avec le numéro
Le blog de la revue « Carnets de Terrain » publie également de courts textes (2000 mots) qui s’adressent à un public averti mais non spécialiste. Les billets de blog permettent notamment de mettre en valeur des contenus multimédias. Pour plus de précisions, consultez les consignes aux auteurs. Les propositions devront être envoyées sous forme d’un résumé (300 mots) aux responsables de la rubrique « autour des numéros » avant le 25 mai 2024 aux coordinatrices : Clara Duterme et Cécile Guillaume-Pey.