Les choses et les mots : les textes à l’épreuve de la matérialité
Date limite de dépôt : 1er avril 2023
Appel à contribution
Présentation
Le numéro 57 (Printemps 2024) de la revue Technè présentera un dossier intitulé : « Les choses et les mots : les textes à l’épreuve de la matérialité », coordonné par Lise Saussus (EHESS‐C2RMF/UCLouvain), Catherine Rideau‐Kikuchi (UVSQ) et Etienne Anheim (EHESS).
Créée en 1994 et éditée par le C2RMF sur un rythme semestriel, Technè est une revue scientifique de caractère interdisciplinaire consacrée à l’étude et à la préservation du patrimoine culturel matériel (hors domaine architectural). Elle publie des contributions originales issues de recherches inédites sous forme d’articles richement illustrés, rédigés majoritairement en français ou en anglais. Des contributions en italien, allemand ou espagnol sont acceptées.
Chaque numéro est édité en version numérique (https://journals.openedition.org/techne/), avec une
barrière mobile de douze mois, et imprimée (https://www.lcdpu.fr/revues/techne/).
Argumentaire
Ce numéro de Technè propose d’interroger la désignation des choses et de leurs matériaux dans les textes et leur confrontation avec la documentation matérielle que constitue l’objet patrimonial, qu’il soit issu de collections muséales ou de contextes archéologiques.
D’une part, les textes, qu’il s’agisse de traités techniques, de simples recettes, de comptabilités, de contrats d’artisans ou encore de listes d’objets réalisées à l’occasion d’un testament ou d’un inventaire après décès, livrent une multitude de mentions de matériaux. Là un colorant associé à un geste technique, ici un métal ou un alliage pour décrire l’un ou l’autre ustensile. Ces mots peuvent toutefois recouvrir une diversité de réalités matérielles et parfois leurs significations rester ambiguës ou obscures. Leur interprétation se révèle être un enjeu majeur pour relier la documentation écrite à la documentation matérielle. D’autre part, les outils des sciences des matériaux, appliqués plus largement depuis une vingtaine d’années à une meilleure connaissance des objets patrimoniaux, permettent d’accéder à la matérialité, d’un point de vue élémentaire ou structurel. Ils renseignent ainsi sur la nature, la composition ou encore la provenance des matériaux aux périodes anciennes, de même que sur la façon dont ils sont élaborés et mis en œuvre.
Ces documentations peuvent être saisies par différentes approches, dont la compatibilité n’a rien d’évident en soi. Ainsi, un même artefact (une œuvre peinte, un objet en métal ou en céramique, un témoignage épigraphique, etc.) peut être vu sous des angles très différents selon le positionnement disciplinaire, au bénéfice de savoirs complémentaires ou, au contraire, difficiles à articuler, voire incohérents les uns avec les autres. Les méthodes elles‐mêmes, un type d’analyse textuelle, d’examen stylistique d’un artefact ou d’analyse statistique des résultats de la spectrométrie de masse, peuvent aussi donner lieu à des interprétations différentes.
La diversité des documentations est ainsi parfois marquée du sceau de l’écart, de la discordance, ce qui n’est pas moins intéressant du point de vue de l’analyse et de la méthode. La confrontation entre textes et matérialité peut mettre en évidence une distance entre le mot et la chose, interrogeant sur ce qu’elle‐même révèle des contextes de production, tant de l’écrit que de l’objet. La mention écrite, spécifique ou non, rare ou répétée, parfois raturée, est elle‐même conditionnée par le contexte socioculturel dans lequel elle prend place, mais aussi par les connaissances et la représentation du matériau pour celui qui écrit. Les termes utilisés peuvent relever de l’évidence partagée, de l’expertise particulière ou de l’impensé selon les contextes. En ce sens, la non‐conformité du texte et de la chose peut dévoiler des valeurs et des enjeux symboliques ou économiques de la production, de la circulation et de l’usage des matériaux. En d’autres termes, ce numéro souhaite explorer les liens entre le signifiant, ici le mot, le signifié, c’est‐à‐dire sa conceptualisation mentale, et le référent, soit la réalité matérielle de l’objet ou d’une série d’objets, et s’interroger à partir d’études de cas sur des enjeux de méthode largement partagés par les sciences du patrimoine.
Ce volume entend réunir des contributions proposant l’analyse de textes désignant des artefacts, y compris à travers une approche philologique, ou l’examen critique des analyses physico‐chimiques d’artefacts confrontées aux textes, à leur ambiguïté ou à leur polysémie, voire des synthèses explorant plus largement les relations documentaires, par exemple autour des notions d’expertise et de représentation des matériaux.
Ce numéro s’intéressera de façon diachronique à des aires culturelles variées, en vue de croiser les cultures matérielles et les typologies documentaires et de contribuer à une réflexion comparatiste sur ces questions.
Processus éditorial
Si vous souhaitez contribuer à ce dossier, merci de nous adresser dans les meilleurs délais : titre, liste des auteurs, mots clés et résumé pour le 1er avril 2023. Vous serez avertis de l’acceptation ou du refus de votre proposition avant le 30 avril 2023.
Si acceptation, les contributions complètes (articles) sont à envoyer pour le 1 er octobre 2023 au plus tard à : c2rmf_techne@culture.gouv.fr
Elles seront soumises à une relecture en double aveugle.
Les auteurs dont les articles auront été acceptés seront invités à fournir une version définitive, amendée si besoin des révisions demandées par les relecteurs, selon un calendrier fixé par la rédaction.
Les articles ont un format de 10.000 et 25.000 signes maximum (espaces compris, en incluant résumé, notes et bibliographie) et sont accompagnés de 4 à 7 illustrations (photos couleurs, photos noir et blanc, schémas, graphiques). Ils répondront aux normes éditoriales de la revue détaillées ci‐après.
Les propositions de contributions seront sélectionnées sur la base des critères suivants :
- le caractère inédit des travaux : si d’autres publications de l’étude présentée ont déjà eu lieu ou sont prévues, il convient de le signaler. L’auteur s’assurera qu’il a bien l’autorisation de publier le matériel étudié,
- l’interdisciplinarité : priorité sera donnée aux contributions associant les partenaires des travaux réalisés (archéologues, conservateurs, chimistes, restaurateurs, etc.),
- le caractère innovant de la méthodologie,
- la qualité de synthèse critique et de mise en perspective des questions abordées dans un contexte (historique, technique, etc.) plus large, et
- la qualité de la rédaction et de l’illustration.
La revue ne fait payer aucun droit de publication et n’exige pas de cession de droits exclusive. Les auteurs gardent le copyright des photographies qu’ils ont réalisées.
La revue est référencée par BibCNRS. Pour des informations complémentaires, vous pouvez contacter les pilotes scientifiques du dossier : Lise Saussus : lise.saussus@uclouvain.be